Quand je jouis il fait froid

Tout le monde est parti

Ça sent l’absence partout

Le silence me regarde bien en face


Quand je jouis les voix s’éteignent

L’avenir a déjà fini au pilon

À chaque jouir

Surgit ma peine

Larme d’orgeat

Sur peau d’ébène


De jour de nuit

Trop jouir me nuit

Jaillir sans joie

Geler d’ennui

Battre le blanc

Des yeux fermés

Un grain de sale

Une pincée de seul

Montent les glands en nage

Vivre devient glacial


Quand je jouis je passe enfin aux aveux

Je trempe la mort

Mouillé jusqu’au col

La vie me regarde tricher


Quand je jouis mes parents se retournent dans leur tombe

Les fluides s’arrêtent de circuler

Ma famille meurt une deuxième fois

Le sang retombe

Il n’y a plus d’aiguille à la minute de silence


Quand je jouis j’entre par effraction dans le vide

Je jongle avec des poignées de sable

Je cherche en vain des convives

Quand je jouis

Je suis le seul invité